En entrant dans le magasin de robes de mariée de Tatiana, dans une rue à la mode de Kiev, la capitale ukrainienne, vous rencontrerez une femme d'affaires forte et confiante, entourée d'un design raffiné et dont l'objectif est de rendre les futures mariées heureuses. Vous n’imaginerez jamais la terreur qu’elle a vécue et qui l’a obligée à fuir sa maison.
Il y a quatre ans, Tatiana dirigeait une entreprise de voyages à Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. En avril 2014, des groupes armés ont commencé à saisir des bâtiments et des armes. Les combats entre ces groupes et les forces gouvernementales ont créé une grave insécurité pour toutes les personnes vivant dans la zone de conflit.
La situation s’est détériorée lorsque des hommes armés ont fait irruption dans le bureau de Tatiana et ont «confisqué» son entreprise.
Cette épreuve terrifiante l'a convaincue d'acheter un billet de train le même après-midi-là et de fuir à Kiev le lendemain. Elle n'est plus revenue.
Reconstruire sa vie dans la capitale n’était pas facile au début. Tatiana eu du mal à trouver un travail stable et à s’adapter à son nouvel environnement, entourée de personnes isolées du conflit. « Ils ne comprenaient simplement pas », ajoute-t-elle.
« Beaucoup parmi eux mènent actuellement une vie heureuse et sont capables de continuer à planifier leur avenir, alors que moi, j’étais juste heureuse d'avoir survécu à cette journée. »
Cependant, toute situation à son bon côté. Environ un an après avoir emménagé dans la capitale, le fils de Tatiana est né. En outre, elle se lie d'amitié avec Lyudmyla, une créatrice de robes de mariée également déplacée à conflit. Après avoir vu son amie tomber dans une période difficile, les deux femmes ont décidé de créer une entreprise qui conçoit et vend des robes. Dès lors, l'entreprise s'est développée grâce à des subventions de l'OIM pour inclure un directeur artistique également déplacé par le conflit. Au fur et à mesure que l'entreprise grandit, Tatiana ne se contente pas de sa sécurité personnelle mais tire un réel sentiment de satisfaction de son travail.
« Il y a quelque chose de vraiment spécial quand vous voyez une femme sortir d'ici avec une robe disant : « C'est la bonne pour moi » et sachant que vous y avez joué un rôle », a-t-elle déclaré.
À ce jour, Tatiana porte toujours avec elle le billet de train qu'elle a acheté pour quitter Donetsk. Il lui rappelle ce qu’elle a traversé et l’encourage à apprécier les bons moments de la vie.
« Parfois, lorsque je trie mes documents, je vois ce billet et je me rappelle tout. Je garde le billet afin de ne rien oublier, pour me souvenir de ce que nous avons vécu et chérir tout ce que nous avons maintenant. Je connais mes projets pour demain, pour après-demain, pour la prochaine année. Mais j'ai aussi un plan pour aujourd'hui, et si je réussis à le terminer, je suis heureuse. Si je me lève demain, je vais tout gérer.”
